Artistic director of the Gabrieli Consort & Players

Paul McCreesh

Avec ses Gabrieli Consort & Players, Paul McCreesh incarne ce qui se fait de mieux en terme d’interprétation «authentique» de la musique ancienne, cette science de la précision toute anglo-saxonne qui donne à l’harmonie cette clarté si particulière. Et pourtant… Rencontré en 2017 en marge de sa lecture des Saisons de Haydn à l’église de Saanen, le chef anglais nous confie ne se reconnaître que très partiellement sous cette étiquette: «Pour être honnête, je ne me suis jamais vu comme un spécialiste de tel ou tel répertoire. Je suis un irréductible électron libre, qui n’aime rien tant que butiner d’un style à l’autre. Certains diront que c’est un suicide professionnel. J’assume pleinement ce rapport instinctif à la musique, cette prééminence de l’amour sur l’intellect… et laisse bien volontiers aux autres les grandes dissertations musicologiques! Il n’y a pour moi que deux types de musique: la bonne et la mauvaise.»

Plus qu’un chef: un (re)créateur de musique

Autant dire que lorsque l’on traverse la discographie de Paul McCreesh (principalement sous le label de la Deutsche Grammophon) et que l’on suit ses multiples concerts de par le monde, on trouve très peu de… «mauvaise musique»! Les souvenirs qu’il laisse dans les esprits et la mémoire digitale du Gstaad Menuhin Festival en offrent une brillante démonstration: Requiem de Mozart en 2016, Messie de Haendel en 2017, Saisons de Haydn en 2018 – rien que des sommets. Avec à chaque fois cette touche personnelle qui transforme une simple interprétation en une œuvre unique. À l’image du travail réalisé sur les Saisons de Haydn, où Paul McCreesh se mue en véritable «recréateur» pour rendre l’œuvre «chantable» dans sa version anglaise (fort mal servie à l’origine par le librettiste de Haydn, le baron Gottfried van Swieten): «Alors que le compositeur part du texte pour écrire sa musique, j’ai dû réaliser le chemin inverse en prenant comme point de départ la mélodie pour faire naître les bons mots. Ma focale dans ce défi a toujours été le plaisir des chanteurs.»