Deuxième partie

 

Patricia Kopatchinskaja, violon

Anthony Romaniuk, clavecin

Laurence Dreyfus, viole de gambe

 

Guillaume de Machaut (ca. 1300-1377)
Ballade n° 1,n° 4, n° 9

Alleluia du Winchester Tropar (onzième siècle)

György Ligeti (1923-2006)
Hungarian Rock pour clavecin

John Cage (1912-1992)
Melody n° 4

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Presto en ut mineur Wq 114

Enregistré le 18 août 2016 à Lauenen

Basé à Reims, Guillaume de Machaut est le plus célèbre écrivain et compositeur français du 14e siècle. Parmi les particularités de son riche parcours: celle d’avoir œuvré avec un talent et une influence identiques tant dans l’univers laïc – en lien étroit avec la Couronne de France – que dans le monde ecclésiastique, en qualité de chanoine. Son œuvre poétique et lyrique est immense et marquera durablement plusieurs générations de créateurs européens: composer quelque 400 poèmes et 250 ballades, c’est forcément faire évoluer l’expression et le cadre.

Le Winchester Troper est, avec le Manuscrit de Chartes, la plus ancienne anthologie musicale ma- nuscrite d’Europe. Daté de l’an 1000, il se compose de deux manuscrits anglais, l’un déposé à Oxford, l’autre à Cambridge, et tire son nom de la cathédrale où il était utilisé à l’origine. Le qualificatif de «troper» fait référence à une pratique, courante au Moyen Age, qui consistait à ajouter une section supplémentaire au plain-chant afin de l’adapter à une fête ou autre occasion particulière.

La musique hongroise et le rock ont au moins un point commun: ils ne seraient rien sans le rythme. Fort de ce constat, György Ligeti décide en 1978 non seulement de les faire se rencontrer dans une même partition, mais également d’embarquer dans l’aventure un troisième acteur… encore plus improbable: le clavecin! Le résultat est ahurissant: Hungarian Rock, ou comment l’instrument réinvente les riffs de guitare sans jamais perdre son âme.

Les Six mélodies pour violon et piano sont écrites par John Cage en 1950 en forme de «postscriptum» à son Quatuor à cordes en quatre parties. Elles utilisent les mêmes techniques et en particulier celle du «gamut», à savoir la création de séquences sans lien harmonique fonctionnel sur la base d’un nombre fixe de sonorités préparées (tons simples, intervalles, agrégats). Il est en outre demandé au violoniste de ne pas vibrer et de mettre un minimum de poids sur l’archet.

Patricia Kopatchinskaja

Biographie de l'artiste

Que celui ou celle qui doute du caractère vivant – spontané, imprévisible – de l’interprétation musicale vienne assister à un concert de Patricia Kopatchinskaja! De l’extrême pointe de son archet jusqu’au bout de ses pieds nus, la violoniste moldave respire la vitalité. Pas étonnant dès lors qu’elle cultive le dialogue entre les musiques du passé et celles encore à écrire, qu’elle suscite auprès de créateurs qui ne peuvent rêver ambassadrice plus enflammée. Elle en a fait profiter à de nombreuses reprises le Gstaad Menuhin Festival, dont elle est aujourd’hui une véritable icône – à l’image de son amie et partenaire Sol Gabetta –, avec des créations de Jorge Sánchez Chiong, Mark Anthony Turnage, Pēteris Vasks ou encore Francisco Coll.

Corelli en mer Noire

Tous les artistes (ou presque) ont leur site web: miroir obligé des temps modernes. Mais rares sont ceux qui vont au-delà de la pâle vitrine marketing. Celui de Patricia Kopatchinskaja est de ceux-ci. On y trouve ses propres textes de présentation des œuvres de son répertoire, ainsi que des réflexions très personnelles sur les sujets les plus divers, nourries par son expérience de concertiste.

Originaire de Moldavie et très attachée à la terre de ses ancêtres, Patricia Kopatchinskaja fait montre d’un intérêt tout particulier pour le dialogue entre les cultures. «Il faut de la stabilité pour atteindre les étoiles», confie avec beaucoup de poésie la Bernoise d’adoption.

La Moldavie? «À travers son accès à la mer Noire, le pays entretient depuis l’époque romaine d’étroites relations culturelles avec l’ensemble des régions méditerranéennes. Il n’est pas interdit de penser que les grands violonistes du baroque italien (Corelli, Tartini…) aient pu jouer comme jouent aujourd’hui les violonistes des villages moldaves – avec cet extraordinaire sens du rythme, de l’harmonie, cette perméabilité aux influences extérieures, notamment celles du monde arabe.»

Patricia Kopatchinskaja, c’est tout un monde dans un violon.

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