Le chef d'oeuvre de Brahms

Rachel Harnisch, soprano
Thomas E. Bauer, barytone
Ensemble Vocal de Lausanne
Céline Monnier, Pierre-Fabien Roubaty, piano
Daniel Reuss, direction

 

Johannes Brahms (1833-1897)

«Ein deutsches Requiem» op. 65

Ensemble Vocal de Lausanne: Brahms Requiem

Le Requiem allemand de Brahms tient une place centrale dans le coeur de beaucoup d’Allemands, car il parle la langue des racines. À mille lieues de la messe des morts du culte catholique (à qui Brahms n’emprunte que le titre), il puise son énergie dans la terre humble et confiante des disciples de Luther – ces Allemands du Nord qui, au lieu d’adresser des prières pour les défunts, préfèrent consoler les vivants dans la peine.

Un Requiem humain

On dit que Brahms aurait volontiers troqué le mot «allemand» pour celui d’«humain» – histoire peut-être de mieux affirmer sa différence. Un Requiem humain: voilà qui l’aurait définitivement classé dans a catégorie des chefs-d’oeuvre… inclassables!

Fidèle à sa méticulosité naturelle, Brahms accorde un soin tout particulier à la sélection du texte. Puisant à la source du Nouveau Testament, il ne retient que les passages d’espoir, qu’il mariera à une musique traversée par un grand souffle d’optimisme, glissant irrésistiblement du mode mineur «traditionnel» vers le majeur de la Résurrection. Toutefois, à aucun moment (dans la première version) n’apparaît le nom du Christ, entérinant cette idée selon laquelle la Bible n’aurait pour le musicien qu’une valeur «artistique». Loin de vouloir choquer son public – il ajoutera peu de temps après la première exécution un movement central porteur du message christique attendu (n° 5).

«Denn alles Fleisch»

1854. L’année même de leur rencontre, son ami et protecteur Robert Schumann se jette dans le Rhin: c’est un choc immense pour le jeune Brahms, âgé alors de 21 ans. La partie la plus ancienne du Requiem allemand– la marche funèbre «Denn alles Fleisch» (n° 2) – serait l’épave d’une sonate pour deux pianos composée peu après cette tentative de suicide. Après le décès de Schumann en 1856, Brahms découvrira dans ses papiers un projet de Requiem allemand. Brahms ne s’est jusque-là jamais aventuré sur le terrain de la musique pour choeur et orchestre. Le Requiem allemand marquera la plus fracassante des entrées en matière. À travers le Requiem allemand, il a su se rendre maître non seulement d’une écriture chorale nouvelle, mais aussi de l’orchestre, dont il est parvenu à dominer l’inertie et la complexité intrinsèques.

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